SONATE EN FOU MINEUR – EXTRAIT

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rendent nerveux.

— Pourquoi avez-vous choisi de travailler ici, alors?

— Parce qu’il y a huit ans, les fous ne me rendaient pas nerveux, mais plus je travaille ici et plus je le suis. C’est comme ça pour tout le monde, sauf pour les imbéciles. Es-tu un imbécile? »

Je souris. « Je ne crois pas.

— Dommage pour toi. Leçon numéro un : Amène-toi toujours un thermos de café et de quoi manger parce que tu es pogné dix heures de temps au même endroit et que tu ne dois surtout pas t’endormir. Le shift de nuit est le plus long, c’est celui qui est le plus difficile à s’adapter, mais c’est le moins pire. Sauf que personne le veut parce que c’est dur pour sa vie personnelle. » Il désigna la direction d’où nous venions. « T’as vu ta case dans le vestiaire?

— J’ai vu le vestiaire, mais je ne connais pas le numéro de ma case.

— C’est dans les papiers qu’ils t’ont donnés. Ils t’ont dit de t’amener un cadenas?

— Non.

— Bon, eh bien amène-toi un cadenas. Un cadenas à numéro. La liste des choses permises est là aussi. Les cellulaires sont interdits, les iPods, les télévisions, les radios, les jeux vidéos, mais tu peux t’amener des livres. On peut écouter la radio avec le système téléphonique, je vais te montrer. Par là, c’est la cafétéria, au bout du couloir. Elle est réservée aux employés. Si tu y vas, évite de t’asseoir

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